À ma place.
Assurément c'était une connerie.
J'aime décidément trop les hommes indisponibles.
Je ne sais pas ce que j'aime/hais le plus.
Le sentiment de frustration de ne pas être le numéro un d'une liste de priorités interminables ?
Le sentiment de compétition lorsque je cherche à grimper sur cette liste ?
Ou la (in)sécurité de savoir que c'est éphémère et que l'abandon n'en sera pas vraiment un parce que je n'ai jamais eu ma place dans la vie de ces hommes ?
Je vis sur le fil du rasoir en permanence.
Quand bien même, j'essaye d'avoir une relation avec un homme soit disant pleinement disponible, il ne l'est pas vraiment. En tout cas, pas assez pour moi. Parce qu'au lieu de me placer MOI, mes objectifs, mes rêves et mes passions tout en haut d'une liste, je cherche désespérément un autre être humain à placer en tête de liste.
Alors forcément, les hommes indisponibles c'est confortable. Cela bride mes attentes, justifie mes nuits solitaires et l'absence de notifications sur mon téléphone.
Jusqu'à la claque qui fait mal, et je ne peux pas le nier, je la cherche cette claque.
"C'est la semaine de congés de ma femme, je suis indisponible." "J'ai laissé ma voiture à ma copine"
Cette gifle magistrale assenée comme à une gamine trop gâtée a pour moi le goût du "Reste à ta place."
Car si je rêve le monde grand et à mes pieds, ma place elle, est petite. Un trou de souris. C'est les hurlements de fantômes du passé qui viennent se rappeler à mon souvenir.
"Sois petite, belle, désirable, baisable et tais toi."
Parce que c'est que les hommes m'ont (ap)pris.
Parce qu'à 14 ans, je suis passée de l'intello de la classe à celle qu'on voulait peloter. Ces mecs là ont pris la fille brillante, passionnée et l'ont réduite de sujet à objet.
Et cette place d'objet de désir, je me débats contre elle sans trop vouloir en sortir. On m'a bien rangée. Je ne voudrais pas déranger.
Et pourtant une voix dans ma tête ne cesse de murmurer de plus en plus fort jusqu'à en hurler que le monde devrait être aussi à moi. Que si je dois être intimidante, ce n'est pas pour ma capacité à être désirable. Que le chemin de la liberté passe par l'affranchissement de ma qualité de fille baisable.
Brillante, je veux être brillante. Un peu comme une comète qui traverserait le ciel. Je veux me consumer paisiblement pour moi même et à mes vieux jours, dire que j'aurais exploré tous les chemins que la vie m'a proposé : l'écriture, la peinture, la photographie, le militantisme, la danse.
J'aurais brûlé le ciel sans laisse, ni entraves. Et surtout, personne pour me dire : reste à ta place.